Ces gens la
Tupiza, a 2h de la frontiere, le premier contact avec la Bolivie. Pas evident, les gens semblent froids. A l'hotel, dans la rue, dans les commerces. Peu de bonjours, peu de sourires.
Par hasard, on entre dans une papeterie pour acheter un carnet.
"Vous etes francais ?" Il s'agit d'un argentin vivant ici depuis 6 ans et marie avec une bolivienne. Son grand-pere polonais est parti pour Paris dans les annees 1880, son pere en Argentine en 1922. Du cote de sa mere, ils viennent tous d'Italie. Un de ses freres vit a Geneve, l'autre en Allemagne. Sa belle-soeur a Calgary.
Il s'en suit une longue conversation a moitie en francais, a moitie en espagnol.
"Je suis content de parler francais. D'habitude, je ne le fais qu'avec mon frere au telephone."
Il nous parle de la Bolivie, de la rivalite qu'il existe entre les indigenes Quechuas, les Aymaras et les blancs. Plus que de rivalite, il emploie meme le mot racisme. Ils n'aiment pas les blancs, nous dit-il, ni les argentins d'ailleurs, nous ne sommes que trois a Tupiza. Tout ce racisme l'attriste. Il finit par : "Les boliviens aiment bien le gringo quand il paye, mais au fond..."
Il enchaine sur Evo Morales qui est loin d'apaiser les tensions, vu qu'il favorise plutot les indigenes et qu'il reproduit la politique d'Hugo Chavez, le pere, lui-meme inspire par le grand-pere Fidel Castro... Eloquent, interessant.
On est interesse par cette discussion, la vie politique et sociale du pays et les tensions engendrees par la nouvelle constitution.
A Tupiza, on aura quand meme droit a des sourires de la part d'un couple qui tient une bicoque, ou on ne verra pas un touriste deux soirs de suite. On y goute la salchipapa pour 0.25€ : un bol avec des frites, des bouts de knackis, des boules de viande et des bananes frites. Le second soir, on aura meme une reduction sur nos boissons.
Direction Uyuni, haut lieu touristique. On prend le tour classique de 3 jours dans le Sud Lipez. Rien a dire sur les paysages, magnifiques et impressionnants. Un desert de sel parfaitement plat de 10000 m2 a 3656 m d'altitude partiellement recouvert d'eau, l'Isla del Pescado et ses cactus geants posee en plein milieu ; les lagunas rouge, verte ou blanche perchees a plus de 4000 m ; des immensites marron, orange, sable ; des sculptures naturelles de pierres dressees au milieu ; des volcans et des geysers... et pour donner vie a tout ca, les flamants roses et les vigognes notamment...
Par contre, du cote humain... A chaque question, le chauffeur-guide expedie la reponse en deux mots. La cuisiniere ouvre a peine la bouche meme quand on l'aide.
3 jours comme ca, dur la Bolivie !
Heureusement, le groupe est sympa, notamment Alma, l'argentine et Eduardo, le bresilien.
De retour a Uyuni, on se rend compte qu'il y a un prix pour les gringos et un pour les locaux. C'est agacant, on finit par se mefier de tout.
On se demande si on persevere ou si on file vite sur l'Amazonie. On realise que l'humain est important pour ce voyage. Prendre les paysages ne nous suffit pas, les rencontres font partie integrante de l'aventure.
On decide quand meme de partir sur Potosi le lendemain. Dans le bus, j'essaie d'engager la conversation avec mon voisin et bonne surprise, ca fonctionne. Il travaille comme mecanicien a Potosi. Il me parle de l'idiome quechua que les jeunes ne veulent plus parler, me demande si c'est aussi le cas en France pour les dialectes. Il m'interroge sur le relief de la France, son climat, la presence des lamas et des autres animaux. La conversation atteint son paroxysme quand il me parle de la religion et que je lui retourne sa question "Et vous, que pensez-vous de Jesus ?" Voila, qu'il me refait tout l'ancien testament pour arriver jusqu'a "Jesus, le sauveur". En fait, il revenait d'un congres de l'Eglise Evangeliste, pres d'Uyuni. C'est pour cela que j'ai une belle bible, me dit-t'il. Avec Solene, on croyait seulement que c'etait pour attirer la bonne etoile pendant le trajet de bus, avec ses routes de terre tortueuses a 4500 m et les traversees de lit de riviere. Ce n'est pas le chemin normal, mais la route est obstruee par un camion renverse, chauffeur un peu emeche apparemment. Enfin, avant de rentrer dans le lit de la riviere, il faut s'arreter pour ajouter des pierres ; la cassure est un peu grande pour le bus. Pas de souci, le systeme D fonctionne bien en Bolivie.
On arrive a Potosi, 4090 m, plus optmistes sur nos chances de decouvrir le pays : les paysages et les gens.