Une autre facette

Publié le par Solene

Depart pour Sucre. Dans le bus, on a le droit a une compilation des chansons rock des annees 70-80-90 : les Cranberries, Guns 'n Roses, Police, Led Zeppelin... Ca fait du bien et ca nous change de la musique folklorique et du reggaeton. Un peu etrange quand meme quand les femmes en tenue traditionnelle montent dans le bus en meme temps que Stairway to Heaven...

Sucre, la ville blanche comme on l'appelle pour ses nombreux batiments coloniaux. La capitale historique de la Bolivie aussi apres la liberation du pays par Simon Bolivar et Antonio Jose de Sucre suite a la bataille d'Ayacucho en 1824. Sucre et la Casa de la Libertad ou fut declaree l'independance de la Bolivie le 06 aout 1825.

C'est dans un contexte particulier que l'on decouvre cette jolie ville, plus europeenne et plus universitaire que celles visitees auparavant.
Depuis quelques semaines le pays est agite par des tensions politiques et sociales. Les deputes du parti gouvernemental MAS (Mouvement vers le socialisme), parti du president Evo Morales, ont adopte une nouvelle constitution en l'absence de l'opposition. Alors que les supporteurs d'Evo Morales soutiennent cette reforme constitutionnelle passee a la hussarde, l'opposition denonce une constitution illegitime, une confiscation du pouvoir et revendique l'autonomie de plusieurs regions. 
La Bolivie apparait actuellement coupee en deux avec a l'ouest les trois regions de l'altiplano andin (Potosi, la Paz et Oruro), peuplee de quechas et d'aymaras, favorables a Morales et en face les regions autonomistes de Santa Cruz, Tarija, Beni et Pando. Ces quatres dernieres regions, les plus riches du pays, representent 67% du PIB. Elles ont d'ores et deja declare leur projet d'autonomie et rejettent le projet de Constitution, jugeant qu'il rogne les pouvoirs des provinces riches et fractionne les regions en petites autonomies communautaires et indigenes. 
Reste encore deux regions qui preparent egalement leur statut autonome : Chuquisaca et Cochabamba.

Sucre, fait partie de la region de Chuquisaca, ou de violentes manifestations contre le projet de Constitution ont fait trois morts fin novembre : deux etudiants et un avocat. 

Le lendemain de notre arrivee a Sucre, on assiste a une marche pacifiste, plutot bon enfant, avec des chants, de la musique, quelques petards... Une marche pour l'autonomie de la province de Chuquisaca, pour que Sucre redevienne la capitale du pays et en hommage aux trois morts de novembre, faits martyrs pour la democratie. 
Les gens crient : "Evo assassin", "Non a la dictature, oui a la democratie", "Non au racisme", "Sucre, capitale", "Autonomie"...

On a de nombreux echanges avec la population de Sucre qui veut nous faire comprendre la situation dans leur pays. Un guide touristique, au chomage technique depuis les incidents de Sucre puisque tous les touristes fuient la ville. Une grand-mere a la manifestation, vraisemblablement, ultra impliquee. Quatre employes autorises a quitter leur travail pour quelques heures le temps de la manifestation...
Tous nous expliquent la meme chose : 
- Ce qui se passe dans leur pays est grave, ils n'ont jamais eu de tels problemes, il s'agit de lutte des races
- Evo Morales, premier president bolivien indigene et ex-syndicaliste, attise les tensions et fait preuve de discrimination voire meme de racisme
- Leur peur de la dictature, des irregularites commises par Morales et du lien Castro - Chavez - Morales
- Leur apprehension aussi face au futur, au moment des referendums prevus en janvier, avec un president qui n'a pas hesite a dire qu'il fera usage de la force si necessaire et qui a fait deployer 50 000 militaires dans tout le pays.

Des manifestations qui menacent la stabilite du pays s'organisent un peu partout dans les 6 provinces (sur 9 au total) qui s'opposent a Morales. 

Interressant de se trouver la a ce moment. On decouvre une autre facette du pays. On essaie de comprendre, meme s'il est difficile de se faire un avis. On n'a pas forcement beaucoup visite Sucre a l'exception de la Casa de la Libertad mais on ne regrette vraiment pas notre passage dans cette ville. 

Les echanges avec les Boliviens ont ete bien plus riches que tout ce qu'on avait pu avoir avant. Les habitants de Sucre sont bien sympathiques. On garde aussi le souvenir d'une petite grand-mere a la pension ou nous logions qui jetait ses patrons de coutures disant que desormais elle n'en aurait plus besoin. Elle etait toute contente de discuter avec nous, de voyager un peu au travers de nos recits de la Bolivie et de nos photos du Salar d'Uyuni qu'elle ne connait pas...

Direction La Paz ensuite. C'est pas la grande forme. Deux jours et demi pendant lesquels je n'ai vu que les murs de la chambre. 39.5 de fievre, fortes crampes a l'estomac, diarrhee, vomissement... Dur, dur. Franck, non plus ne se sent pas tres bien et sera malade pendant une bonne journee. Qu'est-ce qu'on a bien pu manger pour etre dans cet etat la ?

Trois jours apres, on est remis. On flane dans les marches de La Paz ; tout se vend dans la rue. Petite pensee pour la marraine de Franck qui se plairait surement dans ce vide-grenier geant. Avec l'approche des fetes de Noel, l'ambiance est bien agreable. Franck se ridiculise a la fete de Noel lors d'un tir au but plus qu'a cote. On prend une api et une galette au marche en regardant le Noel de Shrek. Une ville plutot sympathique en fait, mais bien trop polluee !

 

Publié dans Bolivie

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