Alerte rouge

Publié le par Solene

Comme prevu, on fait un petit detour sur Banos puisque le volcan Tungurahua s'est calme et que la route vient de re-ouvrir. Celui-ci a en effet eu une forte activite le mois dernier, menacant d'eruption. Il faut avouer qu'on espere bien avoir la chance de le voir et de l'entendre.

On arrive sur Banos dimanche en milieu d'apres-midi. Le carnaval bat son plein. Il faut etre bien sur ses gardes pour eviter les batailles de pistolet a eau et de mousse. Des kiosques a friandises ont fleuri un peu partout dans les rues. Des petites echoppes proposent cochons et cochons d'inde a la broche egalement. Et le soir, un orchestre rejoue tous les standards equatoriens (enfin, on imagine) et on a meme le droit a un feu d'artifice...

L'ambiance est detendue, sympathique ; l'hotel paisible mis a part les cris des perroquets en liberte dans la cour... On s'y plait tout de suite.

Malheureusement, le ciel est bien couvert. Impossible d'apercevoir le volcan et de toute facon, les bruits de la fete couvrent nettement celui qu'il pourrait faire. 

Pour se remonter le moral, on fait la razia au supermarche de Banos : olives vertes et vin blanc doux de Mendoza pour l'apero, fruits, legumes, tout ce qu'il faut pour preparer d'excellentes pates a la carbonara, tablettes de chocolat, pain et nutella... En Equateur, comme en Argentine, on retrouve des cuisines a disposition dans toutes les auberges, alors on en profite. Se mitonner ses propres petits plats, ca fait du bien. 
C'est aussi l'occasion d'echanger un peu plus avec les autres voyageurs et ce soir la, ce sera avec un sympathique israelien qui vient de passer deux mois dans une communaute aborigene dans le nord-est de l'Equateur. Interessante experience mais il n'a pas eu grand-chose a manger et est vraiment squelettique.

Le lendemain, Franck a mis le reveil a 6h pour jeter un coup d'oeil a la meteo et voir si par chance, le volcan est decouvert. Mais c'est un nouvel echec. Le ciel est encore une fois bien gris.

On dort encore un peu avant de prendre le bus pour aller marcher dans la foret subtropicale humide aux alentours. On commence par le sentier des 12 cascades, seuls au milieu d'une vegetation dense et de nombreux papillons de toutes les couleurs. C'est bien agreable de se trouver a nouveau dans la nature. Ca nous avait manque ! 
On termine ce chemin par un petit rafraichissement dans la cascade del Rocio.

On remonte ensuite sur la route principale a toute vitesse. Il parait qu'il faut que j'augmente ma VO2 max... Je vous laisse deviner d'ou vient cette drole d'idee...

Sur la route, a peine le temps de tendre le pouce qu'un pick-up nous prend en stop et fait un petit detour pour nous deposer au sentier suivant, a la cascade el pailon del diablo. Bien serviables les gens du coin...

On termine notre petite excursion sur cette jolie cascade avant de rentrer sur Banos.

A la descente du bus, je me retourne ; le ciel est enfin decouvert et laisse apparaitre un champignon de fumee noire qui emane du volcan Tungurahua. 
On reste quelques minutes a observer ses frequentes explosions. Au fur et a mesure que la nuit tombe, on voit apparaitre en plus de la fumee, des jets de pierres de lave.

Sans hesiter, on file voir une agence pour prendre un tour qui monte au mirador en face du volcan. Le ciel est bien degage, depart prevu a 21h soit 2 heures plus tard. Si tout se passe bien, on devrait avoir la chance d'assister a quelques petites explosions de lave. 

Et bien non ! Pas de chance ! A 21h, le brouillard recouvre a nouveau tout le paysage. 
Le bus nous monte jusqu'a 3800m d'altitude, mais en vain, on ne voit rien du tout. Comme dit Franck, ca nous permet au moins d'entretenir nos globules rouges. Ouais, maigre satisfaction...
On attend 2 heures autour d'un feu de camp, mais pas de cone a l'horizon, ni de lave qui en jaillit... En revanche, on entend parfaitement chacune des explosions. Enfin, quand les Equatoriens et les anes du coin veulent bien se taire un peu... Un bruit sourd, proche du tonnerre, resonne a intervalle regulier.

On remonte dans le bus pour Banos et puis sur la descente, tout d'un coup, le ciel se degage autour du volcan. Il est 23h15 et on assiste a de nombreuses explosions avec des jets de lave qui nous semblent de plus en plus puissants. Certains equatoriens presents avec nous disent que le volcan est tres agite. Vraiment tres impressionnant !

Malheureusement, les maigres performances de nos appareils photos ne nous permettent pas d'immortaliser ce moment.

On se couche donc vers 00h15 avec les grondements du volcan en fond. 

Une nuit agitee. La porte de notre chambre ne cesse de vibrer, de cogner a chaque nouvelle explosion. Mais vers 5h du matin, les vibrations que le volcan provoque dans notre chambre me reveille. Ses grondements se font entendre en continu. Franck ouvre les yeux a son tour. 

Impossible de se rendormir. J'ecoute le volcan et hesite quelques instants avant de sortir voir de quoi ca a l'air. Quatre nouvelles explosions plus fortes encore. On saute du lit a toute vitesse, on s'habille et on decide de filer rapidement a la sortie de la ville d'ou on a vue sur le volcan Tungurahua.

En sortant de la chambre, on croise une voyageuse allemande qui me dit qu'elle a fait son sac et qu'elle est prete a partir. Le proprietaire de l'hotel, lui aussi sur le pied de guerre, me montre le champignon de fumee au-dessus de nos tetes et m'explique que depuis 23h hier soir, les gens commencent a evacuer la ville. Il me dit qu'il faut maintenant que les touristes evacuent, que ca devient dangereux et rajoute : "Vous allez voir le volcan. Vous avez votre appareil photo au moins parce qu'on ne voit pas ca tous les jours."

On court vite, vite a la sortie de la ville. Quelqu'un nous crie: "Pour le volcan, c'est au fond de la rue. Beaucoup de lave, beaucoup de lave !"

On arrive au point de vue, mais on ne voit plus rien. La fumee qui sort du volcan recouvre tout le cone. 
Un coup d'oeil autour de nous. On est a la sortie qui sert en cas d'evacuation de Banos. Des gens sont installes un peu partout sur le trottoir. Les enfants sous les couvertures, les sacs au pied, chiens et perroquets a la main. Tous ecoutent la radio pour prendre les dernieres informations sur l'evolution de la situation. 

On retourne a l'hotel pour preparer notre sac et partir nous aussi au plus vite sur Quito. On rencontre notre ami israelien qui sort de sa chambre et constate que le tonnerre fait beaucoup de bruit ce matin. Franck lui explique qu'il s'agit en fait du volcan. "Ah bon ?"
 
On est pret a 8h et en arrivant a la gare routiere, un gars arrete un bus et nous dit que c'est le dernier qui part, qu'ils vont barrer la route. On ne sait pas si c'est vrai ou pas, mais on monte dans le bus plein a craquer et on fera donc une partie du voyage debout ou plutot assis dans le couloir.

On constate effectivement sur la route qu'ils sont en train de la fermer et que se rendre sur Banos ne semble plus possible. 

On a quitte Banos alors que le volcan etait en alerte orange. Depuis celui-ci est passe en alerte rouge, fait la une des journaux quotidiens et a entraine l'evacuation d'un grand nombre de personnes. 

Pas facile la vie au pied d'un volcan actif. 

Publié dans Equateur

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A
Eh ben les amis, ça doit-être chaud bouillant !!!!<br /> <br /> Ici aussi, c'est l'alerte rouge, le serveur est tombé en panne, il y plus moyen de bosser, ben alors on évacue le site, non sans regret, laissant tout le travail seul sans personne pour le faire.... fichtre !!!!! :-)<br /> ...<br /> Merci pour ces récits, si bien comtés !!!<br /> Arnaud
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F
Ah, j'imagine la catastrophe d'ici. Ya pas a dire, la vie au boulot est vraiment trop trepidante et inattendue... et parfois pleine de bonnes surprises. A+